Au moment de sortir m'acheter une liseuse (je parle de la
tablette, pas d’une femme qui lit) , je tombe sur la nouvelle émission
littéraire de la VRT titrée Man
over boek et diffusée sur Canvas. Les producteurs de l’émission, sans doute
à la recherche de sensations fortes - car simplement parler du contenu des livres, c'est ennuyant, n'est-ce-pas - ont une
démarche plutot intrigante : effectuer une analyse bactériologique des dix livres les plus empruntés d'une bibliothèque d’Anvers.

Cette
fois, nos deux compères sont sortis de la bibliothèque anversoise les
bras chargés de livres pour rejoindre dare dare leur laboratoire, suivis à la semelle par les caméras de la télévision flamande. Quelques heures plus
tard, ils en ressortent fatigués et la mine visiblement préoccupée. Les résultats de l'analyse sont étonnants : les dix livres contenaient
des traces de cocaïne. Oh certes, pas grand-chose, quelques pictogrammes de coke glissées ça et là entre les pages, les uns sous la couverture, les autres coincés entre deux chapitres...

On imagine avec effroi et dégoût ce qu’ils auraient trouvé si
les anversois étaient des lecteurs assidus d'E.E Schmidt.
Du coup, cette liseuse tant désirée m'est soudainement apparue comme une évidence. Une tablette, c’est sain,
inodore, incolore, insipide, on ne risque pas d'attraper des crasses, voire d'y laisser sa peau. Et son esprit.
Le bon de commande dans une main, je piétine dans la file du magasin d'électronique, hésitant encore. Cette tablette va t-elle vraiment me protéger ? Les livres sont-ils à ce point devenus des objets nocifs ? Ces questions sont à deux doigts de me faire chavirer, quand mes yeux, qui se sont égarés, s'arrêtent, incrédules, sur la couverture de Billie, le dernier Gavalda.
Et, dans le même instant, distinguent entre des larmes de bonheur, un vendeur remonter la file, avec, dans les bras, ma chère et tendre liseuse.

Et, dans le même instant, distinguent entre des larmes de bonheur, un vendeur remonter la file, avec, dans les bras, ma chère et tendre liseuse.
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