samedi 12 juillet 2014

Le temps qu'il faut


On se détache d'abord du ring, laissant derrière nous le canal et les dernières tours de Forest. La voiture semble alors peu à peu se libérer. Les essuie glaces vont bon train et l'on se dit que la pluie nous accompagnera jusqu'à Paris. S. soupire et son regard se perd au loin, au delà des gouttes d'eau, dans le paysage qui défile, vert et monotone. 
C'est dimanche, un dimanche perdu en juillet. Sur les panneaux indicateurs,  les lettres s'étirent et prennent des formes étranges. On a peine à lire Nivelles, et puis Mons. Et puis Bienvenue en France. La voiture ralentit, traverse des campagnes engourdies. Et finit pas trouver son rythme. Tout à leurs affaires, les camions nous dépassent, semblent glisser comme des péniches. Des voitures tractent des caravanes remplies d'espoir. S. s'est endormie, nuque flottante, comme en apesanteur. On approche de Paris. Il faudra que je la réveille. En douceur. Du vert, on passe au gris. Saint Denis, le périphérique, les tours de la Défense. Et soudain, une ouverture dans le ciel. La ville devant nous se déploie et prend forme, comme sortie des eaux. Les maisons s'ébrouent, les trottoirs s'égouttent. Partout l'on replie les parapluies. Un enfant saute dans une flaque. Et à côté de moi S. se réveille en souriant. Je me gare devant le Grand Palais. Qui accueille les vidéos de Bill Viola.

Je me dis que le temps n'a plus d'importance.