lundi 25 septembre 2017

La mort du lion



Il y a eu cette ombre aperçue hier soir
Place Meiser
Avant que l'aube ne crache ses voitures
Comme au cirque on lachait les lions


C'est un lion remontant les eaux
Les effets de modes, les carcasses vides
Un lion fatigué,  le dos voûté et abimé
Mais les bras libres, toujours hors manches


Il y a du Ferré dans ce félin
Du Queneau et du Prévert
Il y a toute la liberté du monde
Et celle de ceux qui la célèbrent 


Mais l'animal traîne la patte
Une grande première pour ce rebelle
C'est Dubillard  quand il vacille
Ou c'est Gainsbarre après minuit


L'ombre s'arrête avant Plasky
Et ses 140 petites vies 
Six heures déjà, le premier tram
Premier soleil, l'ombre est partie

mardi 3 janvier 2017

Le trou béant

Je me suis assise tout au bord de 2017. Sur mon séant - mon cul si vous préférez. J'ai balancé mes jambes nues et insolentes au-dessus des fantômes abandonnés depuis des mois par votre lâcheté. Je suis celle que vous haïssez si fort. La salope qui hante vos nuits, qui vous remue les boyaux en vous soufflant dans l'oreille des histoires de cheveux déliés, de jouissance et d'amour libre. A vous rendre fou. D'ailleurs, vous ne vous êtes rien épargné pour tenter de me faire disparaître. Et votre délire morbide est sans fond. Les terrasses. Les plages. Les salles de concert ... Tout ce qui brille vous l'avez noirci. Palmyre, le musée Bardo. Suruç. Tout ce qui chante, tout ce qui prie. Chibok, Borno, Bagdad, Saint-Etienne-du-Rouvray.  Et Ankara. Et Mogadiscio. Bruxelles. Et tout ce qui vit. Nice, Grand Bassam. Sousse. Berlin...
Le trou était devenu si béant que j'ai bien failli m'y perdre. Comme il y a encore deux jours à peine dans les eaux du Bosphore.



Mais j'ai nagé. Oui, j'ai nagé si loin, si longtemps que vous avez fini par me perdre de vue. La mer est devenue mon amie, ma consolante.
La mer, vous n'y pouvez rien, pas plus que la terre d'ailleurs, ni tous ses êtres qu'elle couve.

Alors aujourd'hui, du haut de mon 3 janvier 2017, toujours vivante et les yeux secs, je peux enfin savourer le début de votre perte.