dimanche 24 août 2014

Un coup dans l'eau


Adam Ben Erza et sa contrebasse sont passés cet été par Rossignol en Belgique, invités par le ' Gaume Jazz festival'.  Le chien est resté à Tel Aviv.


Tel Aviv.  Un nom qui aujourd'hui sonne aux oreilles de certains comme une insulte. Adam Ben Erza est un jeune musicien israélien, tout comme le batteur Ofri Nehemya, 19 ans, recruté récemment par l'excellent Avishai Cohen. Une scène jazz dynamique, talentueuse et pleine de promesse, à l'image de la 'Thelma Yellin Hight School of the Arts'.   Et pourtant...



Quelques jours avant le début du festival, l'association Belgo-Palestinienne (ABP)  envoie aux organisateurs une lettre - ouverte -  clairement accusatrice : "Cette programmation nous interpelle, nous consterne, nous indigne. Pourquoi les Jeunesses Musicales ont-elles choisi de mettre Israël à l'honneur de ce trentième festival du jazz gaumais à travers ces musiciens, aussi talentueux soient-ils ? (...) Nous sommes indignés, certes, mais aussi consternés que les Jeunesses Musicales par leur choix puissent se mettre au service de la propagande du gouvernement israélien visant à redorer l'image d'Israël ". Propagande pro-israélienne ! Diable, l'ABP n'y va pas par quatre chemins. Dans le petit village gaumais, on se pince pour y croire. Déploiement de policiers en tenue et en civil, tracts sur les voitures... Mais quelle mouche a donc piqué cette association ?
  

En fait, le problème pour  l'ABP, c'est que l'ambassade d'Israël a soutenu 3 concerts et a participé aux frais des musiciens...  Il ne lui en fallait pas plus pour faire le rapprochement périlleux  entre soutien financier et ... propagande. Mais cette association omet (volontairement?) deux choses : l'organisation d'un  tel festival prend des mois et des mois de préparation, les invitations ont donc été lancées et bouclées bien avant le début de l'opération militaire à Gaza. Ensuite, la venue d'artistes étrangers dans un festival de cette taille (dont les moyens restent somme toute modestes) ne peut parfois se faire sans l'appui d'ambassades. Ca été le  cas précédemment pour des artistes danois, hollandais et suédois. 

Un coup dans l'eau donc pour l'ABP. Qui oublie aussi le principal. 
La musique - et le jazz peut-être plus que toute autre - jette des ponts entre les hommes.  Et pendant toute la durée du festival, le temps s'est arrêté (et avec lui le bruit des armes) au dessus des toits de Rossignol, village gaumais qui,  il y a tout juste 100 ans, a été le cadre d'intenses combats entre soldats français et allemands et où 130 villageois ont péri assassinés.