mardi 3 janvier 2017

Le trou béant

Je me suis assise tout au bord de 2017. Sur mon séant - mon cul si vous préférez. J'ai balancé mes jambes nues et insolentes au-dessus des fantômes abandonnés depuis des mois par votre lâcheté. Je suis celle que vous haïssez si fort. La salope qui hante vos nuits, qui vous remue les boyaux en vous soufflant dans l'oreille des histoires de cheveux déliés, de jouissance et d'amour libre. A vous rendre fou. D'ailleurs, vous ne vous êtes rien épargné pour tenter de me faire disparaître. Et votre délire morbide est sans fond. Les terrasses. Les plages. Les salles de concert ... Tout ce qui brille vous l'avez noirci. Palmyre, le musée Bardo. Suruç. Tout ce qui chante, tout ce qui prie. Chibok, Borno, Bagdad, Saint-Etienne-du-Rouvray.  Et Ankara. Et Mogadiscio. Bruxelles. Et tout ce qui vit. Nice, Grand Bassam. Sousse. Berlin...
Le trou était devenu si béant que j'ai bien failli m'y perdre. Comme il y a encore deux jours à peine dans les eaux du Bosphore.



Mais j'ai nagé. Oui, j'ai nagé si loin, si longtemps que vous avez fini par me perdre de vue. La mer est devenue mon amie, ma consolante.
La mer, vous n'y pouvez rien, pas plus que la terre d'ailleurs, ni tous ses êtres qu'elle couve.

Alors aujourd'hui, du haut de mon 3 janvier 2017, toujours vivante et les yeux secs, je peux enfin savourer le début de votre perte.

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