vendredi 31 juillet 2015

Foire du Livre : les liaisons dangereuses



Ana Garcia, à la tête de la Foire du Livre depuis 20 ans, vient d’être licenciée par son Conseil d’administration. Une surprise de taille pour celle qui incarnait depuis longtemps avec force et conviction cet événement culturel annuel, même si elle avoue qu’elle s’y attendait un peu.

Joint par téléphone,  le président du Conseil d’administration Hervé Gérard nous confirme que la décision a bel et bien été prise à l’unanimité ce 27 juillet à l’occasion du dernier Conseil d’administration. Mais rien ne filtre, par contre,  sur les motifs de ce licenciement.  Le Conseil d’administration préfère réserver ses informations détaillées et argumentées à Ana Garcia, ajoutant, à demi-mot, qu’il regrette les fuites dans la presse, En effet, à l'origine, l’affaire ne devait être rendue publique que dans le courant du mois d’août.


Une dernière édition décevante.

Depuis plusieurs semaines, et à l’issue d’une 45ème  édition de la Foire du Livre plutôt décevante (avec seulement 60.0000 visiteurs) , une réflexion de fond était en cours, les administrateurs désirant voir une évolution radicale de la Foire du Livre, et mieux ancrée  dans son époque. « C’est vrai qu’on veut créer une nouvelle dynamique, précise Hervé Gérard, et cela doit se faire avec une nouvelle direction », comprenez sans Ana Garcia.  Et Hervé Gérard de conclure : « ... mais j’insiste pour dire qu’il n’y a aucun problème personnel avec Ana, qui a fait du bon boulot ».

De son côté Ana Garcia affirme être littéralement sur les genoux. Le jeudi 30 juillet, elle apprend son licenciement par l'intermédiaire du coup de fil d’un journaliste de la Libre Belgique. Aucune lettre, aucun coup de fil. Juste, ce vendredi matin , un recommandé arrivé à la poste.


"On a voulu me mettre sous tutelle".

Récemment davantage de pouvoirs et de responsabilités lui avaient conférés, pour lui être ensuite, dit-elle, reprochés : « J’ai senti clairement qu'il y avait dans leur chef une volonté de modifier le profil de ma fonction ainsi que mes responsabilités. J’ai voulu me défendre, en leur envoyant toute une série de questions mais elles sont toutes restées sans réponse… On m’a ignoré ».

Les tensions ne datent pas d’hier, et remonteraient même à plusieurs années. En 2008, le Conseil d’administration, déjà présidé par Hervé Gérard, avait organisé un audit. L Ana garcia avait été blanchie à l’époque. « Mais le ver était dans le fruit, précise-t-elle, amère, "On a voulu me mettre sous tutelle car mon franc-parler devait gêner certains".
es responsables de la Foire du Livre dénoncaient alors ce qu'ils considéraient comme de l'opacité dans les comptes


Celle qui est désormais l’ancienne commissaire de la Foire du Livre compte bien ne pas en rester là et se défendre. Ironie du sort, le thème de la dernière Foire du Livre qu’Ana Garcia a dirigé tournait autour des "Liaisons dangereuses".  
Un thème qui trouve dans le conflit qui se noue aujourd'hui un étrange écho.



mercredi 15 juillet 2015

Cinéma : ces écoles privées ... de diplômes

     
       



Jusqu’ici, pour les aspirants aux métiers du cinéma, l’enseignement artistique en Belgique francophone semblait être relativement épargné par les cours privés. Mais depuis quelques temps, dans la foulée des cours Florent, le vent tourne, car certains nez venus d'ailleurs et particulièrement affutés ont flairé chez nous un marché intéressant, pour ne pas dire lucratif. A côté des écoles dites ‘classiques’ IAD, INSAS et INRACI, avec leurs barrières sélectives d’examens d’entrée et leur diplômes agréés,  de nouvelles écoles ou cycles de cours font peu à peu leur apparition à Bruxelles.
Focus sur les deux derniers arrivages.


L’Esra

D’emblée la couleur est annoncée par Max Azoulay, président du groupe Esra : "Mais oui c'est sûr, nous sommes une entreprise, et nos élèves sont des clients". "Et en 3 ans, s'empresse-t-il d'ajouter, lEsra fera de vous un réalisateur télé, cinéma, un monteur  etc.. ".
Portes ouvertes, affichage dans les bus et métros, en rue, sur les sites internet, difficile  d'ignorer l'arrivée de cette nouvelle école à Bruxelles. L’Esra débarquera dans la capitale en octobre  rue du beau site, à deux encablures du Châtelain, le coeur du quartier des expats français, public directement ciblé.  Derrière ce nom se cache le 'groupe Esra', fondé en 1972 à Paris, et implanté également à Rennes, Nice et dès la rentrée prochaine à Bruxelles.  D’après ses propres chiffres (difficilement vérifiables), l’Esra compterait 5000 anciens élèves actifs dans les milieux du cinéma. Ce qui placerait ce groupe en tête de peloton des groupes privés de formation en France pour les métiers de l’image et du son. Et pour encore ajouter une couche à ce rêve éveillé, l’Esra propose à ses chers élèves rien de moins qu'une année optionnelle à New York,  à condition toutefois d’avoir suivi et réussi 3 années dans l’école. Le problème, c’est que l’Esra n’est pas reconnu en Belgique, et qu'il n'y a donc pas d’équivalence de diplôme. Quant aux frais, ils plafonnent aux alentours des 6750 euros par an et on vous demandera de débourser 1950 euros dès l’inscription. Max Azoulay justifie ces frais par le coût du matériel. Dans un discret bas de pages du catalogue de L'école, on relèvera que cette somme ne comprend pas les frais de transports, de décors et  de rémunération de comédiens, lors des tournages qui sont pourtant organisés par l'école... Il ne faut pas trop demander tout de même. 



Les cours Raindance



Les cours Raindance, eux, ont décidé de brasser large, ils s’adressent autant aux cinéphiles, qu’aux aspirants réalisateurs et même aux producteurs.
Débarqués à Bruxelles il y a à peine quatre ans, ces cours de cinéma ont été fondés il y a plus de vingt ans à Londres par le producteur canadien Elliot Grove, l'homme qui est à l’origine du Raindance Film Festival en 1993 et du British Independant Film Award en 1998.  
La formation s’étale sur cinq week-ends, elle porte sur l’écriture, la réalisation, la production et l'histoire du cinéma. Elle se limite à des cours théoriques,  aucune formation pratique n'est prévue, et, dans le cas où cela intéresserait un éventuel futur cinéaste, Raindance Brussels renvoie à différents ateliers comme le CVB, le Kino Kabaret, l'atelier Alfred....  Cinq week-ends vous coûteront 765 euros. Ces cours, qui se donnent au centre Dansaert ne débouchent, ici encore, sur aucun diplôme reconnu, les responsables avouent d'ailleurs n'avoir fait aucune démarche dans ce sens. De peur d'essuyer un vent..?