jeudi 19 décembre 2013

Le livre adossé à l'armoire



Il en rit encore, le géant suédois vert et jaune. Et, au passage, vous remercie. Du fond du coeur. Car il vous a bien enroulé, vous les offusqués de la culture, les chevaliers blancs du livre sacré.  Sa campagne de pub soit disant anti-livre et savamment distillée dans les rues de Bruxelles (merci JC Decaux ) vous a choqué, pour ne pas dire davantage.  Alors , sans qu'on vous le demande, vous êtes tombé dans le panneau ... publicitaire.  Mais comment osent-t-ils donc, ces vendeurs de meubles, piétiner la culture avec autant d'arrogance !



Pour trouver les premières traces de cette révolte, il faut regarder tout en bas de la carte, dans le sud de la Belgique. Un matin de décembre,  Géraldine Frogniez,  libraire à Arlon tombe nez-à-nez sur le tueur de livres... Malgré le froid ambiant, son sang ne fait qu'un tour. Elle répond aussitôt à la question de l'isolent par cette phrase pour le moins sibylline : -'pour être autre chose qu'une chose.' Mais notre libraire ne s'arrête pas en si bon chemin. Le lendemain, Géraldine propulse la photo de son acte de bravoure sur les réseaux sociaux, créant ainsi un mini buzz qui se répercutera bien au delà des frontières de notre royaume.






Deux jours plus tard, ne craignant pas le ridicule, l'éditeur de bandes dessinées Sandawé s'empare à son tour de cette affaire. Et propose aux visiteurs de son site de télécharger la photo originelle de la publicité en question, de la détourner pour y ajouter ensuite son propre message. Plusieurs photos  ont ainsi été postés, hilarantes à tel point que l'équipe de Sandawé les a répercutés sur sa page Facebook. Et toc, dans les gencives d'Ikea !






Silence radio, on s'en doute, du côté du fabricant de meubles. La firme suédoise n'a déposé aucune plainte, bien trop heureuse de cette vitrine offerte sur un plateau d'argent. Les défenseurs du livre viennent en effet de lui faire un cadeau de Noël sympathique. Et ce n'est pas la première fois. En 2011, Ikea avait déjà été voué aux gémonies. A l'époque, la pointe de discorde était la bibliothèque Billy. Une étude de marché auprès de la clientèle avait révélé que ce meuble ne servait plus uniquement à ranger des livres. Ikea la scandaleuse,  avait donc décidé de transformer sa Billy en la rendant plus profonde avec la possibilité d'y ajouter des portes en verre.  Nos amis du livre ont failli s'étouffer, accusant Ikea de vouloir tuer la littérature, rien de moins. Le ridicule, heureusement, ne tue pas.

Pendant ce temps, et depuis 30 ans, Ikea écoule tranquillement ses bibliothèques Billy dans le monde entier, 28 millions d'exemplaires ont été vendus à ce jour.

  









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