dimanche 8 décembre 2013

Une actrice trop flamande ?



La comédienne belge Veerle Baetens vient de remporter à Berlin l’Award de la meilleure actrice européenne. Et si vous n'étiez pas au courant, rien de plus normal. Car à l'exception du journal Le Soir, la presse écrite belge francophone a grosso modo à peine effleuré l'événement, consacrant à cette victoire une dizaine de lignes tout au plus, et encore, la plupart des journaux se sont contentés de recopier le communiqué de presse. Incompréhensible.


The Broken circle breakdown est un film de Felix van Groeningen  (la Merditude des choses, c'était déjà lui). Dans ce film tiré d'une pièce de théâtre à succès de Mieke Dobbels, Veerle Baetens tient à bout de bras le rôle d'Elise, une femme qui va traverser une histoire d'amour bouleversante.  C'est aussi le premier long-métrage belge de toute l’histoire des Awards (26 éditions, tout de même) à décrocher autant de nominations : un record.  C’est d’ailleurs le film de tous les records avec plus de 40 distinctions empochées de New York à Montréal depuis sa sortie en salle. Et ce n'est pas tout, The Broken circle breakdown est en lice pour représenter la Belgique aux prochains  Oscars. 



Après des études suivies au Conservatoire Royal de Bruxelles, Veerle Baetens va très vite se retrouver sur les planches, principalement en Flandre. La télévision privée VTM a aussi accueilli à bras ouverts cette actrice talentueuse, où elle a partagé entre autres la distribution de séries très regardées comme Code 37 et Sara.  Mais la musique reste la  principale passion de cette femme de 38 ans. C’est d’ailleurs la comédie musicale  Fifi Brindacier qui va la faire connaître auprès du grand public en 2005, un rôle titre pour lequel elle obtiendra le prix musical John Kraiijkamp. L'an dernier , dans la foulée du film The broken circle breakdown, elle a donné avec Johan Heldenbergh, son partenaire à l'écran, une série de concerts dont les amateurs de bluegrass se souviendront longtemps. 





Et pourtant. Les Magritte du cinéma annoncés pour le 1er février prochain devraient en toute logique ignorer royalement cette merveilleuse comédienne. Et les tatouages de la bruxelloise Emy La perla, dont son corps se couvre au fur et à mesure que le film avance ne devraient pas changer la donne. 
Les Magritte du cinéma, c'est d'abord et avant tout la fête du cinéma francophone. Même si en 2012 et après un tollé médiatique, les organisateurs ont vite bricolé un prix supplémentaire et ouvert ainsi cette compétition aux films flamands. Rundskop de Mickaël P. Roskam a ainsi été le premier récompensé suivi en 2013 par A tout jamais de Nic Balthazar, co-produit par les francophones d'Entre chien et loup. Car petite subtilité,  pour être nominés et avoir une chance de récompense aux Magritte, les films flamands doivent être co-produits par des ... francophones. Autrement dit, on ouvre la porte, mais on laisse le crochet fermé.

Lors de le cérémonie  des European Film Awards, Veerle Baetens a glissé face au public berlinois à la fin de son speech cette petite phrase : "J'espère que la Belgique restera unie."
Si les organisateurs du concours européen n'ont sans doute pas capté complètement l'impact de ces mots, ceux des Magritte du cinéma seraient bien avisés d'en mesurer toute la portée.



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