Le petit pavillon belge de la Biennale de Venise ne paie pas
de mine. Avec sa façade grisâtre (ou verdâtre,
selon l’humeur), coincé entre celui des Pays-Bas et de l’Espagne, il a presque l’air de s’excuser
d’être là, proche de la sortie, en bout de course, quand on a les pieds en
compote et qu’on n’aspire plus qu'à avaler d’une traite un Spritz même écoeurant
à 8 euros place St Marc.
Et pourtant, si on fait l’effort d’en franchir le seuil on se retrouve face à une expérience inédite et saisissante.
Et pourtant, si on fait l’effort d’en franchir le seuil on se retrouve face à une expérience inédite et saisissante.
Car devant
nous, l’installation de Berlinde De Bruykere remplit à la fois vos yeux et la
salle toute entière.
presqu' évidente. La sculpture se résume (si l’on peut dire) à une souche d’arbre - un orme - façonnée avec de la
cire et dont les formes et les couleurs
(entre le rouge et le bleu) rappellent étrangement l’anatomie humaine. L'artiste gantoise Berlinde De Bruyckere explique qu'elle a voulu intégrer dans sa sculpture le corps martyrisé de Saint Sébastien, un des saints les plus vénérés et représentés à Venise. On disait qu'il était le saint de la peste. Dans la cité des Doges, si souvent frappée par la peste noire, les gens croyaient qu'il était celui qui n'est pas touché par les flèches divines, celles qui répandent la peste.
Et c'est vrai qu'on perçoit ici à la fois du désir et de la souffrance -Eros et Thanatos - et aussi une beauté profonde. Car avec ces tissus rouge sang, on n'est pas loin des ombres et des teintes écarlates magnifiées par Le Titien et surtout Véronèse.
C’est l’écrivain sud-africain J.M Coetzee, commissaire de l'expo et qui connait depuis longtemps le travail de Berlinde De Bruykere, qui résume le
mieux son oeuvre :
"Ses sculptures explorent d’une manière extrêmement
intime et troublante la vie et la mort : la mort dans la vie, la vie avant
la vie, la mort avant la mort. Elles apportent un éclairement , mais un
éclairement aussi sombre que profond."
Ce petit pavillon belge, qui ne paie pas de mine, mérite donc amplement le détour.
A mes yeux, une des plus belles surprises de cette Biennale.
A mes yeux, une des plus belles surprises de cette Biennale.
Kreupelhout - Cripplewood de Berlinde De Bruyckere est visible au Pavillon de la Belgique jusqu'au 24 novembre dans le cadre de la 55e Biennale de Venise
www.labiennale.org
http://smak.be/
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