- On caille dans cette bagnole, remonte ta vitre bordel.
Une visite dans le frigo
avant d’attaquer Je, tu , il , elle. La nuit s’enfonce autour de moi , mais mon
esprit se scotche à l’écran de télé, ébloui devant cette nouvelle grammaire de
l’image. Cette façon unique, audacieuse mais
aussi fragile, je le sens bien, de réinventer le cinéma. Avec des ombres et des creux partout. Des
silences et des non-dits dont on pressent la nécessité pour la cinéaste de les
préserver. Sans doute pour se préserver elle-même d’un naufrage qui la guette depuis
l’enfance. Les spectres ne disparaissent jamais. On couche toujours avec des
morts, prétendait, lucide, Leo Ferré.
Maso , je plonge un peu plus dans l’enfermement et
l’aliénation en entamant, après un
deuxième passage dans le frigo, les trois
heures vingt filmées au scalpel du quotidien de Jeanne Dielman, un film qui me
semble parfait de bout en bout.
La perfection m’étouffe. Je sors. Il est trois
heures du matin, tant pis. Je travaille demain. Tant pis. D’ailleurs demain je ne travaille
pas, je vole. Je prend ma voiture, file vers le centre-ville, vagabonde autour
du 23 quai du commerce, dont le rez est aujourd’hui occupé par une insipide agence immobilière. Rassasié, je rentre chez moi. Il est quatre heures du matin. Je sais que je ne trouverai pas le sommeil. Pas cette nuit. Plus jamais peut-être.
Et maintenant je suis dans cette voiture avec mon collègue. Qui
se gare avenue Churchill. Je tremble. J’ai du mal à ouvrir la portière. Je finis enfin par sortir. Le doigt sur la sonnette, je sais déjà que cette interview me bouleversera. Nous sommes en février 2012.
Et je suis, depuis, captif.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire